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ÉCOLOGIE  CHRÉTIENNE
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mise à jour le
11 avril 2007

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Réflexions



Benoît XVI et la liturgie cosmique

Cet article de Falk van Gaver est parru dans « L'Homme Nouveau ». Falk van Gaver, qui a entre autre publié « Le Politique et le Sacré », nous a aimablement autorisé à reproduire le présent article.



Dans la lignée de tous les papes du XXème siècle, la sensibilité écologique est très présente chez Benoît XVI : elle s'ancre dans l'ample théologie et la liturgie cosmique de la Tradition de l'Église.
    « Le cosmos ne nous concernerait-il plus aujourd'hui ? Ne sommes-nous plus qu'entre nous, irrémédiablement enfermés dans le cercle que nous formons ? Ne serait-il pas important, aujourd'hui justement, de prier avec toute la Création ? Ne faudrait-il pas au contraire, aujourd'hui justement, rendre sa place au monde à venir, à l'espérance du Seigneur qui vient ? Reconnaître et vivre à nouveau de la dynamique de cette Création nouvelle qui forme l'essence même de la liturgie ? » 1
Ces mots du futur Benoît XVI, le Cardinal Joseph Ratzinger, alors Préfet de la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, rappellent la dimension cosmique du culte chrétien : la foi dans le Rédempteur est inséparable de la foi dans le Créateur. La dimension cosmique de la liturgie chrétienne embrasse et sanctifie le ciel et la terre : dès lors le monde entier est sacré. Cela implique que la liturgie chrétienne ne s'accomplit pas seulement pour et par l'homme, mais aussi pour et par l'univers entier, visible et invisible : le cosmos prie aussi, lui aussi attend la Rédemption. La Création fait partie intrinsèque de la prière chrétienne, qui perd sa grandeur quand elle oublie ce lien, ce lieu de son incarnation. Il faut « écouter le cosmos parler du Christ », comme dit le futur pape.

La liturgie, « liturgie des heures », sanctifie le temps. Le temps lui-même est une réalité cosmique. L'existence humaine est tissée dans l'étoffe de l'univers, l'homme vit au rythme de la révolution des astres, du soleil et de la lune. Temps, histoire et cosmos s'entrelacent dans la liturgie. Ainsi le premier jour de la semaine, jour de la Résurrection, est aussi le premier jour de la Création. La Résurrection inaugure le corps de gloire et la Création nouvelle, cieux nouveaux et terre nouvelle :
    « Le dimanche chrétien devient ainsi une action de grâces pour le don de la Création, pour le 'fiat' par lequel Dieu a tiré le monde du néant ; une action de grâces aussi pour la Création perpétuée, que Dieu conserve en dépit de toutes les tentatives de l'homme pour la détruire. Selon saint Paul, la Création, rongée par le péché, 'aspire à la révélation des fils de Dieu' 2. Ainsi le dimanche donne son sens véritable à l'injonction de la Genèse : 'Emplissez la terre et soumettez-la !' 3 Ce qui ne signifie pas : 'Réduisez-la en esclavage ! Exploitez-la ! Faites-en ce qu'il vous plaira !' Mais au contraire : 'Reconnaissez en elle un don de Dieu ! Protégez-la et prenez-en soin comme des fils le feraient de l'héritage de leur père. Prenez-en soin, qu'elle devienne pour Dieu un véritable jardin ; que son sens véritable s'accomplisse car, en elle aussi, Dieu doit être 'tout en tous'. » 4
Le calendrier liturgique nous fait ainsi participer au rythme de la Création, qui est aussi celui de l'économie divine. La symbolique cosmique de la liturgie manifeste aux chrétiens la dimension universelle - au sens de « comprenant tout l'univers » - du Christ, ainsi que la grandeur et l'ampleur de l'espérance inscrite dans la foi chrétienne. Le Christ est le berger de l'être, le Logos, le Verbe par qui tout a été fait et qui porte en lui les archétypes de tout ce qui existe : il est le gardien de la Création. Le Christ « embrasse le monde entier, sa largeur et sa longueur, sa hauteur et sa profondeur ; car par le Verbe de Dieu toutes choses sont ordonnées », nous dit saint Irénée de Lyon.

Si nous voulons comprendre à nouveau le christianisme, et le vivre dans toute son ampleur, il nous faut impérativement retrouver la dimension cosmique de la révélation chrétienne. Si l'homme ne s'ouvre pas à une vision intérieure qui, au-delà du mesurable et du quantifiable, le rend apte à percevoir la présence du divin dans la Création, Dieu reste exclu du champ de sa perception. Il s'agit de discerner le suprasensible dans le sensible par participation. Les anges nous rappellent que le rideau entre ciel et terre est entrouvert, signe que nous participons à une liturgie qui embrasse le cosmos tout entier. La liturgie et les médiations sacramentelles nous mènent au-delà du simple constat de la réalité, et éveillent nos sens intérieurs à une nouvelle vision qui nous permet de percevoir - et de recevoir - l'invisible dans le visible. Célébrer l'Eucharistie, c'est ainsi rendre un culte qui embrasse ciel et terre dans la glorification de Dieu. L'Eucharistie vise la communauté renouvelée de Dieu et de sa Création - et c'est ce qui fonde toute « écologie chrétienne ».

    « Nous voyons précisément aujourd'hui que le retour à la terre, le respect de ses lois propres, la sauvegarde de la Création est un service fondamental redevenu nécessaire. » 5
C'est dans cette vision théologique d'une liturgie cosmique que s'ancre chez le futur Benoît XVI une vision écologique intégrale qui s'exprime chez lui si souvent qu'on devrait en faire une anthologie !


Falk van Gaver



1 Joseph Ratzinger, L'Esprit de la liturgie, Ad Solem, 2001
2 Romains 8, 19
3 Genèse 1, 28
4 L'Esprit de la liturgie
5 Joseph Ratzinger, Voici quel est notre Dieu


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