écologie chrétienne > retour à l'ACCUEIL


ÉCOLOGIE  CHRÉTIENNE
l´écologie à la source du christianisme

saint François d'Assise : patron céleste des écologistes (Jean-Paul II en 1979)
Rubriques
> Accueil > Dossiers > ÉCOLOGIE : textes officiels de l'Église
accueil


dossiers

réflexions

objections

livres

liens


actualités

actions

recherche sur écologie chrétienne


mise à jour le
11 avril 2007

historique

Sollicitudo rei socialis

du pape Jean-Paul II


source : le site du Vatican
date : 30 décembre 1987


Aux évêques, aux prêtres, aux familles religieuses, aux fils et filles de l'Église et à tous les hommes de bonne volonté, à l'occasion du vingtieme anniversaire de l'encyclique Populorum progressio.


n° 26 - extrait :

Parmi les symptômes positifs du temps présent, il faut encore noter une plus grande prise de conscience des limites des ressources disponibles, la nécessité de respecter l'intégrité et les rythmes de la nature et d'en tenir compte dans la programmation du développement, au lieu de les sacrifier à certaines conceptions démagogiques de ce dernier. C'est ce qu'on appelle aujourd'hui le souci de l'écologie.


n° 29 :

Un développement qui n'est pas seulement économique se mesure et s'oriente selon cette réalité et cette vocation de l'homme envisagé dans sa totalité, c'est-à-dire selon un paramètre intérieur qui lui est propre. Il a évidemment besoin des biens créés et des produits de l'industrie, continuellement enrichie par le progrès scientifique et technologique. Et la disponibilité toujours nouvelle des biens matériels, tout en répondant aux besoins, ouvre de nouveaux horizons. Le danger de l'abus de consommation et l'apparition des besoins artificiels ne doivent nullement empêcher l'estime et l'utilisation des nouveaux biens et des nouvelles ressources mis à notre disposition; il nous faut même y voir un don de Dieu et une réponse à la vocation de l'homme, qui se réalise pleinement dans le Christ.

Mais pour poursuivre le véritable développement, il est nécessaire de ne jamais perdre de vue ce paramètre, qui est dans la nature spécifique de l'homme créé par Dieu à son image et à sa ressemblance (cf. Gn 1, 26). Nature corporelle et spirituelle, symbolisée, dans le deuxième récit de la création, par les deux éléments : la terre avec laquelle Dieu forme le corps de l'homme, et le souffle de vie insufflé dans ses narines (cf. Gn 2, 7).

L'homme en vient ainsi à avoir une certaine affinité avec les autres créatures : il est appelé à les utiliser, à s'occuper d'elles et, toujours selon le récit de la Genèse (2, 15), il est établi dans le jardin, ayant pour tâche de le cultiver et de le garder, au-dessus de tous les autres êtres placés par Dieu sous sa domination (cf. ibid., 1, 25-26). Mais en même temps l'homme doit rester soumis à la volonté de Dieu, qui lui fixe des limites quant à l'usage et à la domination des choses (cf. ibid., 2, 16-17), tout en lui promettant l'immortalité (cf. ibid., 2, 9; Sg 2, 23). Ainsi l'homme, en étant l'image de Dieu, a une vraie affinité avec lui aussi.

A partir de cet enseignement, on voit que le développement ne peut consister seulement dans l'usage, dans la domination, dans la possession sans restriction des choses créées et des produits de l'industrie humaine, mais plutôt dans le fait de subordonner la possession, la domination et l'usage à la ressemblance divine de l'homme et à sa vocation à l'immortalité. Telle est la réalité transcendante de l'être humain, que nous voyons transmise dès l'origine à un couple, homme et femme (Gn 1, 27), et qui est donc fondamentalement sociale.


n° 34 :

Le caractère moral du développement ne peut non plus faire abstraction du respect pour les êtres qui forment la nature visible et que les Grecs, faisant allusion justement à l'ordre qui la distingue, appelaient le «cosmos». Ces réalités exigent elles aussi le respect, en vertu d'une triple considération sur laquelle il convient de réfléchir attentivement.

La première consiste dans l'utilité de prendre davantage conscience que l'on ne peut impunément faire usage des diverses catégories d'êtres, vivants ou inanimés - animaux, plantes, éléments naturels - comme on le veut, en fonction de ses propres besoins économiques. Il faut au contraire tenir compte de la nature de chaque être et de ses liens mutuels dans un système ordonné, qui est le cosmos.

La deuxième considération se fonde, elle, sur la constation, qui s'impose de plus en plus peut-on dire, du caractère limité des ressources naturelles, certaines d'entre elles n'étant pas renouvelables, comme on dit. Les utiliser comme si elles étaient inépuisables, avec une domination absolue, met sérieusement en danger leur disponibilité non seulement pour la génération présente mais surtout pour celles de l'avenir.

La troisième considération se rapporte directement aux conséquences qu'a un certain type de développement sur la qualité de la vie dans les zones industrialisées. Nous savons tous que l'industrialisation a toujours plus fréquemment pour effet, direct ou indirect, la contamination de l'environnement, avec de graves conséquences pour la santé de la population.

Encore une fois, il est évident que le développement, la volonté de planification qui le guide, l'usage des ressources et la manière de les utiliser, ne peuvent pas être séparés du respect des exigences morales. L'une de celles-ci impose sans aucun doute des limites à l'usage de la nature visible. La domination accordée par le Créateur à l'homme n'est pas un pouvoir absolu, et l'on ne peut parler de liberté «d'user et d'abuser», ou de disposer des choses comme on l'entend. La limitation imposée par le Créateur lui-même dès le commencement, et exprimée symboliquement par l'interdiction de «manger le fruit de l'arbre» (cf. Gn 2, 16-17), montre avec suffisamment de clarté que, dans le cadre de la nature visible, nous sommes soumis à des lois non seulement biologiques mais aussi morales, que l'on ne peut transgresser impunément.

Une juste conception du développement ne peut faire abstraction de ces considérations - relatives à l'usage des éléments de la nature, au renouvellement des ressources et aux conséquences d'une industrialisation désordonnée - qui proposent encore une fois à notre conscience la dimension morale par laquelle se distingue le développement 63.


Donné à Rome, près de Saint-Pierre, le 30 décembre 1987, en la dixième année de mon pontificat.



63 Cf. Homélie à Val Visdende. Italie (12 juillet 1987), n. 5 : L'Osservatore Romano, 13-14 juillet 1987; PAUL VI, Lettre apost. Octogesima adveniens (14 mai 1971), n. 21 : AAS 63 (1971), pp. 416-417.


| accueil | dossiers | réflexions | objections | livres | liens | actualités |

conception & administration : dominique.michel @ gmail.com