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ÉCOLOGIE  CHRÉTIENNE
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saint François d'Assise : patron céleste des écologistes (Jean-Paul II en 1979)
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mise à jour le
11 avril 2007

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Nature menacée et responsabilité chrétienne

Cet article provient du site de Protestants.org (http://www.protestants.org) qui nous a aimablement autorisé à le reproduire.



Nature et culture

On peut s'intéresser aux menaces qui pèsent sur l'environnement naturel au nom d'une vision passéiste des choses, en évoquant avec nostalgie une sorte de paradis d'harmonie entre l'homme et la nature. Cependant, pour l'humanité qui est entrée dans l'histoire, on ne peut parler de la nature en dehors de sa culture. Déjà dans le récit de la création de Genèse 2, il est dit que "le Seigneur Dieu prit l'homme et l'établit dans le jardin d'Éden pour cultiver le sol et le garder". Et la nourriture attribuée à l'homme consiste en des plantes cultivées. Alors que les animaux mangent des herbes sauvages, naturelles au sens strict, la nourriture assignée à l'homme est le résultat de la culture de la nature. La destination de la nature est d'être cultivée. C'est là le sens de l'ordre donné par le Créateur "Soyez féconds et multipliez, remplissez la terre et dominez-la" (Genèse 1,28).
Depuis l'avènement des temps modernes, on comprend généralement la domination sur la nature dans le sens de son exploitation : la nature est à la disposition de l'homme, y compris les animaux considérés comme des machines vivantes. Ainsi, pour Descartes, le philosophe du 17e siècle, l'homme est "maître et possesseur de la nature". Tout doit servir ses desseins. Dans notre économie de production et de consommation, c'est la rentabilité qui est le but. Reconnaissons que notre civilisation nous donne de grands bienfaits.


Le revers de la médaille

Les progrès de la civilisation occidentale ont pourtant un arrière-goût amer. Nous constatons aujourd' hui les conséquences de l'exploitation de la nature réduite à sa seule dimension économique : pour la nature elle-même et donc aussi pour l'homme. Car là où la nature est atteinte dans ses équilibres, c'est l'homme lui-même qui est atteint. Il suffit de penser aux conséquences d'un accident dans une centrale nucléaire (laquelle a une finalité pourtant pacifique, à la différence des armements nucléaires) pour mesurer les énormes menaces qui pèsent non seulement sur l'humanité, mais sur toute la terre.
Énumérons plus particulièrement quelques-uns des problèmes créés par l'exploitation de la nature :
- la dégradation de la santé de la nature : pollution de la terre, de l'eau, de l'air; extermination déjà intervenue de bien des formes de vie végétale et animale, jusqu'au dépérissement des forêts ;
- la barbarie objective de l'homme dans le traitement des animaux d'élevage destinés à l'alimentation et dans certaines expérimentations notoirement inutiles sur animaux ;
- la violence entre les hommes : la loi du profit produit des laissés pour compte (ceux qui ne sont pas rentables sur le marché de la production, des handicapés de toutes catégories aux chômeurs comme aux enfants non désirés) ;
- l'exploitation, sans contre-partie équitable, de matières premières et de richesses des pays du tiers monde ;
- la concentration de la puissance dans des centres de production et de décision concurrents (sociétés multinationales, blocs politiques...), mûs à la fois par la volonté de puissance et par la peur. Il en résulte une grande fragilité des peuples et des continents, une grande fragilité de la paix.
Tous ces problèmes sont liés entre eux, tout s'enchaîne. La violence contre la nature entraîne la violence contre l'homme. L'attitude des hommes au plan économique est dominée par la volonté de puissance. C'est toute la manière d'être de l'homme, tout son comportement, et pas seulement sa santé physique, qui est en cause.


Nécessité d'un changement de mentalité

Dans les problèmes mentionnés, par-delà la santé physique de l'homme, il y va de la justice et de la responsabilité et ainsi de la santé morale et spirituelle. La nature menacée, c'est l'homme menacé. L'homme a su vaincre des menaces naturelles, c'est ce dont il faut être reconnaissant ; mais il a suscité lui-même des menaces pour la nature et donc aussi pour lui-même. Tout ici est lié.
Mais, dira-t-on, l'homme n'a-t-il pas reçu de Dieu mission de dominer la terre et de l'exploiter ?
"Dominez la terre", l'affirmation de Genèse 1,28 est certes forte. "Dominer" implique une idée de violence. Mais la phrase doit se comprendre par opposition aux religions ambiantes qui vouaient un culte à la nature, qui l'idolâtraient. Elle veut alors dire : la nature n'est pas Dieu, l'homme est placé au-dessus d'elle. Mais en même temps l'homme est, selon Genèse 1, partie prenante de la nature. Il n'est pas sans elle, il la présuppose dans ses différents éléments. C'est pourquoi l'homme doit dominer la nature au sens où en Israël, le roi domine le peuple : le roi est aussi appelé le "berger" de son peuple. Dominer n'est pas être tyran, mais berger. La domination sur la nature implique le respect de la nature, de ses équilibres fondamentaux, dans la culture même dont elle est l'objet. L'homme a pour mission de gérer la nature, créée par Dieu et appartenant à Dieu ; il doit rendre compte de sa gestion à Dieu.
Ne pas respecter la nature et ne pas respecter l'homme sont liés. Il faut ajouter : Ne pas respecter la nature et l'homme c'est également se détourner de Dieu. Aussi sommes nous aujourd'hui, en tant qu'humanité et en tant qu'individus, appelés à une véritable conversion, à un changement de mentalité qui veut s'inscrire dans les coeurs et dans les réalités.


La responsabilité des chrétiens et de l'Eglise

Le changement, pour urgent qu'il soit, ne peut se faire que dans et avec le temps. Il exige discernement, compétence et réflexion pour fonder de nouveaux comportements et une action. Cela ne peut se faire seul, mais seulement à plusieurs. C'est ici que l'Église et les chrétiens ont une responsabilité particulière : non pas être un groupe de pression parmi d'autres, mais être un lieu de dialogue, de témoignage et d'engagement ; participer au dialogue, là où il a lieu, et s'associer aux initiatives qui vont dans la direction d'une nouvelle conception des choses et d'une nouvelle pratique, comme le demandent la crise actuelle et surtout le témoignage biblique.
C'est parce qu'il croit en Dieu, créateur, et qu'il se sait responsable devant Dieu de la bonne gestion de sa création que le chrétien ne peut être un exploiteur de la nature, insensible aux conséquences écologiques de son exploitation. C'est parce qu'il est témoin de l'évangile d'amour du prochain et qu'il se sait solidaire de tous les êtres de la planète, aujourd'hui et demain, qu'il ne peut utiliser la nature à son profit exclusif et l'exploiter de façon égoïste. La marche est commencée pour tous ceux qui sont conscients de la problématique écologique ; il est essentiel de la poursuivre, de l'étendre et de l'assurer.
Il y va, dans cette responsabilité écologique, des valeurs proprement bibliques et évangéliques. Elles tiennent à la reconnaissance de cette terre comme création de Dieu, mais aussi comme lieu où veut se manifester déjà, par des gestes, des actions, des comportements, des paroles significatifs, le Royaume de Dieu annoncé par les prophètes et par Jésus. L'engagement écologique est aussi l'occasion pour le chrétien de rendre témoignage, d'une manière concrète, d'une autre forme de société, plus solidaire et plus fraternelle, où les relations entre hommes ne sont pas réduites à des relations de puissance et où le bien-être matériel n'est pas le suprême idéal. Tous sont appelés, dans la foi au Christ, à devenir et à être des signes du Royaume et ainsi des coopérateurs dans l'oeuvre de création tendue vers ce but.


Ce texte a été rédigé, avec la collaboration de A. Marx, par G. Siegwalt et édité à l'initiative de la Commission de formation biblique et théologique de l'Église de la Confession d'Augsbourg et de l'Église Réformée d'Alsace et de Lorraine.


Cet article provient du site de Protestants.org (http://www.protestants.org) qui nous a aimablement autorisé à le reproduire.


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